Mamadi Doumbouya : bientôt fuite et fin ?

Comme dirait l’autre, quand les choses vont mal trop longtemps, vient toujours un moment où l’on se lasse de la lassitude elle-même. Pour le chef de la junte guinéenne Mamadi Doumbouya, ce moment est arrivé ! Inéluctablement.

 

Ses déclarations tonitruantes et ses promesses à l’emporte-pièce ne font guère illusions. Les Guinéens ont compris qu’il n’a rien à proposer pour les sortir de la misère. Pire, ils sont désormais convaincus de l’incompétence et de l’incapacité de l’autoproclamé président de la transition, qui les replonge dans la nuit noire de la pauvreté dans laquelle le régime de Alpha Condé avait pourtant réussi à les sortir.

 

Mamadi Doumbouya et sa bande ont appris à leur dépens que quand on est un peuple comme le peuple guinéen, avec le passé que l’on connait, on ne se laisse pas conter trop longtemps. Car on sait bien comment marche l’histoire. Celle de la Guinée a été écrite en lettre de sang, le sang des valeureux patriotes tombés pour l’indépendance et la liberté des citoyens. Donc, même tout lassés qu’ils sont, les Guinéens se sont mis debout, ont secoué le gris des nuits trop longues et se sont mis à marcher pour libérer leur pays du joug des aventuriers, qui vouent aux gémonies son honneur, en piétinant sa dignité acquise de hautes luttes.

 

Voilà pourquoi les hommes et les femmes de la Guinée ne craignent plus ni les canons de Mamadi Doumbouya et ses hommes ni leurs cachots. Ils se sont levés, ils manifestent leur colère de plus en plus ouvertement dans les rues de Conakry, exigeant rien de moins que le départ du chef de la transition et réclamant le retour au pouvoir du président légitime, Alpha Condé.

 

En dépit, faut-il le rappeler, de la répression féroce des manifestations, interdites par la junte depuis 2022. En dépit également des poursuites judiciaires, des arrestations arbitraires et le départ en exil d’un certain nombre de dirigeants de l’opposition. Selon un rapport publié le 15 mai 2024 par Amnesty International, au moins 47 personnes ont été tuées, en grande majorité des jeunes, depuis la prise du pouvoir par Mamadi Doumbouya et les siens le 5 septembre 2021.

 

Cette glaçante prouesse n’a nullement entamé la détermination du vaillant peuple guinéen, qui exige le retour à l’ordre constitutionnel ici et maintenant. À preuve, le 18 mai dernier, une coalition de l’opposition a demandé aux putschistes l’organisation de l’élection présidentielle à la fin de l’année 2024 afin de rendre le pouvoir aux civils, faute quoi le peuple prendrait ses responsabilités pour les déloger de la tête du pays.

 

En cas de refus des militaires, les opposants prévoient de mettre en place « une transition civile pour organiser le retour à l’ordre constitutionnel ». Cette coalition a été on ne peut plus clair : le report du retour à l’ordre constitutionnel aura pour conséquence la perte de toute légitimité à la junte de diriger la transition et exposera la Guinée à ses risques majeurs.

 

Cependant, ce schéma catastrophe pourrait être évité si les acteurs guinéens font preuve de pragmatisme politique. La réalité, c’est que les Guinéens sont orphelins de la présidence Alpha Condé et le font savoir dans les rues. Cela tombe bien puisque jusqu’à ce jour, le président légitime et légal de la Guinée n’est autre qu’Alpha Condé, qui avait refusé de démissionné après le coup d’État, malgré les pressions des militaires.

 

Autrement dit, la sagesse commande de le restaurer au pouvoir pour achever son mandat. Charge à lui d’organiser la prochaine présidentielle pour transmettre le pouvoir à une nouvelle génération. Surtout qu’il l’avait déjà promis avant le putsch. En tout cas, il s’agit là du meilleur scénario susceptible de préserver la Guinée des lendemains incertains. En sachant que les jours de Mamadi Doumbouya au pouvoir sont comptés.

 

 

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