Un ancien ministre centrafricain dénonce l’ouverture d’une enquête contre le président tchadien

Le jugement toujours net et tranchant, l’ancien ministre centrafricain de la communication Adrien Poussou n’est pas allé par le dos de la cuillère pour s’insurger contre l’enquête préliminaire visant le président tchadien Mahamat Déby. Il l’a fait dans un texte parvenu à notre rédaction que nous publions in extension. 

 

Après le défunt Omar Bongo Ondimba du Gabon, le président Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville et le vice-président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema, la justice française a ouvert une enquête préliminaire contre le président tchadien Mahamat Deby pour détournement de fonds publics et recel. Il s’agit, précise-t-on, de dépenses vestimentaires de la présidence tchadienne. Comme d’habitude, l’affaire est montée en épingle par les médias français.

 

Une fois de plus, une fois de trop, ces médias français, à la suite des juges, ont montré qu’ils sont friands de dénonciations sans risques, c’est-à-dire quils peuvent taper impunément sur les chefs d’État africains. Après Bongo, Sassou, Obiang, c’est autour de Deby. Comme on l’a observé, le ton utilisé dans les articles évoquant cette affaire est volontiers méprisant, d’un mépris que l’on ne se permet qu’avec les dirigeants africains.

 

Imagine-t-on un instant, selon les mots de Pierre Péan, un article de cette encre publié dans Le Figaro, Le Monde voire Médiapart parlant des somptueuses dépenses de l’émir du Qatar ainsi que ses biens immobiliers en France, plus importants que ceux des familles Bongo, Sassou, Deby réunies? S’est-on un jour interrogé sur les conséquences de cet acharnement contre les responsables africains? Une chose est sûre: il a déjà laissé de profondes traces. Ainsi, de la montée en puissance du sentiment anti-français dans une partie de l’Afrique d’expression française ( c’est ce que j’ai essayé de démontrer dans mon prochain livre).

 

Cela dit, nous autres Africains, les membres de la société civile notamment, ne devons pas de bonne foi servir d’idiots utiles à ces campagnes dont il est aisé de deviner le dessein. Que représentent 900 mille euros pour un chef d’État en fonction ? Surtout quand celui-ci est le fils d’un défunt chef d’État.

 

Certes, on m’objectera que 900 mille euros ça n’est pas rien pour un pays qui connaît des problèmes récurrents de délestages et qui compte sur l’aide internationale pour nourrir sa population. Je réponds ceci: en tant que chef de l’État, Mahamat Deby doit être présentable, et les fonds spéciaux inscrits dans le budget de fonctionnement de l’État tchadien peuvent servir à garnir sa garde robe. Et puis, il y’a bien des responsables politiques français qui s’habillent chez les grands couturiers, se chaussent chez Berluti. Personne ne leur a jamais demandé des comptes. Qui ne se souvient pas des costumes de luxes offerts par l’avocat Bourgi à François Fillon…

 

Il faut qu’on apprenne à respecter nos dirigeants. Sinon, personne ne le fera à notre place. Le tort de Mahamat Deby est d’avoir dépensé son argent en France, et d’avoir ainsi contribué à l’économie française. A l’avenir, il ferait mieux de dépenser son argent à N’Djamena, Abidjan ou Cotonou. Il y existent de meilleurs couturiers. Au moins, ça lui évitera d’être trainé dans la boue. D’ailleurs, il n’y aurait eu aucun scandale si les 900 mille euros avaient été dépensés à Moscou ou Pékin.

 

Loin de moi l’idée d’idéaliser les dirigeants africains. Parfois, ils ont plus de défauts que de qualités, j’en conviens. Pire, certains ont souvent, hélas, tendance à confondre les caisses de l’État avec leur poche. Mais on ne renie pas son père parce qu’il c’est un voleur. Mieux, on ne doit pas permettre à l’enfant du voisin de lui manquer de respect. D’autant que son propre père n’est pas si exemplaire que ça.

 

Fait le 5 juin 2024

Adrien Poussou

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