Mamadi Doumbouya ou le coup d’État permanent

Il y a quelques jours, dans un article prémonitoire, notre rédaction s’interrogeait si le chef de la junte guinéenne avait toute sa tête, tant les actions et l’attitude de l’ancien légionnaire français défiaient le bon sens le plus élémentaire. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Mamadi Doumbouya montre tous les signes d’une pathologie ayant altéré ses capacités réflexives, le poussant à poser des actes d’une invraisemblance inouï.

 

En tout cas, il l’a encore démontré ce lundi 19 février 2024. Puisque l’encre de notre article de s’est pas encore totalement asséchée que ce dernier nous a apporté la preuve de ses difficultés avec la logique. A preuve, tous les Guinéens ou presque ont été surpris de voir une escouade de militaires dirigée par le très décrié général de pacotille Amara Camara, secrétaire général de la présidence, apparaître à la télévision pour annoncer la dissolution du gouvernement.

 

La scène rappelle celle qui a suivi l’interruption du processus démocratique guinéen le 5 septembre 2021. Cette fois, à la place de Doumbouya, le secrétaire général de la présidence, entouré de militaires et ânonnant un décret qui met fin aux attributions des ministres, au profit des directeurs de cabinet et de secrétaires généraux des ministères, lesquels sont chargés d’assurer l’intérim.

 

Chacun sait que dans les Républiques au fonctionnement normal, les ministres peuvent être limogés. Le Général De Gaulle n’a-t-il pas dit que la seule certitude que l’on a en entrant dans un gouvernement c’est d’en sortir ? Donc, lorsque les ministres sont limogés, toute chose étant égale par ailleurs, ils peuvent continuer à faire tourner la boutique, c’est ce qu’on appelle la gestion des affaires courantes.

 

Sans doute, faut-il expliquer à Doumbouya et les siens qu’une ordonnance de sa part aurait suffi à limoger le Premier ministre de la transition et l’ensemble de son gouvernement. Pas besoin de tout ce folklore.

 

On est d’autant plus estomaqué de constater cette pantalonnade que quelques minutes seulement après l’annonce de la dissolution du gouvernement, c’est le chef d’état-major des armées qui est venu lire un communiqué comportant des mesures exceptionnelles : retrait des véhicules de fonction aux ministres débarqués, démobilisation de leurs gardes du corps, gel de leurs comptes bancaires et surtout la confiscation de leurs passeports.

 

Dissoudre le gouvernement et confier la gestion des affaires courantes aux directeurs de cabinet ainsi qu’aux secrétaires généraux des ministères ressemblent à s’y méprendre aux premières décisions de tous les putschistes du monde. Incapable d’entrer dans le costume d’un chef d’État respectable et de respecter les institutions du pays, Doumbouya est dans une logique de putsch permanent. A moins que c’est un autre coup d’État déguisé.

 

Prendre autant de mesures humiliantes contre des collaborateurs qui siégeaient encore autour de la table du Conseil des ministres pas plus tard que la semaine dernière peut questionner. Il faut rappeler que c’est depuis juillet 2022 que Bernard Goumou dirige le gouvernement guinéen. Comme quoi, il faut se garder de déjeuner avec le diable, même lorsqu’on pense disposer d’une longue fourchette.

 

 

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