Guinée : le chef de la junte veut sa photo avec Emmanuel Macron

L’ancien légionnaire français et autoproclamé président de la transition en Guinée trépigne d’impatience d’être reçu par Emmanuel Macron et de prendre une photo sur le perron de l’Élysée.

 

Selon toute vraisemblance, Mamadi Doumbouya aurait été au bord de la dépression lorsqu’il a appris que son compère putschiste gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État le 30 août 2023, est attendu en France à la fin du mois de mai pour une visite officielle. Le chef de la junte gabonaise sera reçu par le chef de l’État français, Emmanuel Macron, au palais de l’Élysée.

 

Surtout que ce sera la deuxième fois en neuf mois que les deux hommes vont se rencontrer. Car ils s’étaient déjà brièvement entretenus en marge de la conférence pour le climat, à Dubaï, le 1er décembre 2023. Pourtant, près de trois ans après le coup d’État du 5 septembre 2021 contre le président démocratiquement élu Alpha Condé, Mamadi Doumbouya n’a toujours pas réalisé son plus grand rêve : s’afficher aux côtés du président français afin de se considérer comme un véritable chef de l’État.

 

Ce dernier reproche donc à la France un « deux poids, deux mesures » à son égard. D’ailleurs, l’ancien légionnaire français et les siens sont étonnés d’observer le traitement bienveillant accordé au Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, qui est aussi reçu à l’Élysée à plusieurs reprises. Alors qu’eux, qui se considèrent comme des alliés de la France en Afrique de l’Ouest n’ont toujours pas reçu un carton d’invitation pour venir à Paris.

 

De source sûre, Mamadi Doumbouya aurait sollicité une rencontre avec Emmanuel Macron à l’Élysée. Une demande appuyée par son nouvel ami Paul Kagame, président du Rwanda, qui entretient d’excellentes relations avec son homologue français. Si l’on en croit la même source, pour l’instant, Emmanuel Macron ne manifeste pas un très grand enthousiasme à recevoir l’ancien légionnaire français. D’autant que celui-ci ne montre pas un empressement pour appliquer les recommandations de Paris relatives à la décrispation du climat politique et l’arrêt des repressions contre les opposants.

 

Dans les circonstances actuelles, où le peuple guinéen conteste de plus en plus ouvertement le régime de la transition et prévoit des manifestations contre le maintien des militaires au pouvoir, si Emmanuel Macron accepte de recevoir Mamadi Doumbouya, la France s’expose aux accusations de complicité pour les crimes commis chaque jour dans ce pays.

 

Les autorités françaises auraient tort de ne pas œuvrer pour la restauration de l’ordre constitutionnel en Guinée, laquelle passe par le retour au pouvoir du seul président démocratique élu et renversé par ces putschistes toujours en quête de légitimité.

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