Mamadi Doumbouya a-t-il toute sa tête ?

Cette question mérite d’être posée, tant les actions que l’attitude de l’ancien légionnaire français défient le bon sens le plus élémentaire. En tout cas, il semble que le chef de la junte militaire au pouvoir à Conakry est frappé d’une pathologie qui a alterné ses capacités réflexives et le pousse à poser des actes d’une invraisemblance inouï.

Après s’être attaqué aux institutions légitimes de la Guinée. Après avoir mis sous le boisseau la démocratie guinéenne, jeté en prison ceux qui n’entrent pas de ses combines de mafieux, et contraint en exil tous les leaders politiques qu’il considère comme une menace à son projet de confiscation du pouvoir de l’État.

 

Après avoir privé ses compatriotes des libertés les plus élémentaires, à savoir, et comme l’a si justement rappelé le président Alpha Condé dans ses vœux de Nouvel An, celles d’exprimer des opinions, de se rassembler, d’échanger sans violation du secret de leur vie privée, de se déplacer, de vivre simplement sans avoir peur d’une arrestation arbitraire ainsi que d’un emprisonnement.

 

Après avoir interdit les manifestations, brouillé le signal de certains médias, restreint l’accès à internet et exigé le retrait des chaînes qui le critiquent des bouquets de distribution d’images . Mamadi Doumbouya a ressuscité les méthodes les plus éculées et les plus abjectes des dictateurs du siècle dernier consistant à inventer des complots imaginaires.

 

Se croyant plus fort, plus malin, plus beau et plus intelligent, il s’est essayé à une opération de manipulation de l’opinion publique qui a laissé les Guinéens dubitatifs. En effet, l’ancien légionnaire français est allé chercher de pauvres malheureux pour les exhiber à la télévision nationale, les présentant comme des supposés auteurs d’une tentative de coup d’État qui n’a existé que dans son esprit. Une tentative de putsch qui aurait été déjouée par ses services il y a déjà plusieurs mois. Un scénario digne des films hollywoodiens.

 

D’ailleurs, se pose clairement la question de savoir si renverser un régime dont les tenants ont usurpé la souveraineté nationale peut être assimilé à un coup d’État ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un acte de salubrité publique ?

 

Celui que Mamadi Doumbouy et les siens désignent comme le cerveau de l’opération est un certain capitaine Abdoulaye 2 Cissé, présenté comme un ancien élément du Bataillon autonome des troupes aéroportées. Pour la réussite du projet de putsch, on aurait pu s’attendre à ce que cet homme soit entouré des complices rompus au maniement des armes. Que nenni ! La junte militaire n’a pas trouvé mieux que de choisir comme ses complices, un éleveur, une commerçante, un manager d’artistes et même un élève. C’est donc avec cette armada qu’il comptait renverser un Doumbouya, qui s’est bunkerisé et qui ne se déplace que protégé d’hommes armés jusqu’aux dents. Ridicule.

 

Plus sérieusement, le profil des pseudo-complices de la tentative fictive de putsch ne laisse pas que songeur mais interroge également l’équilibre mental de celui qui voulait faire l’amour à la Guinée. D’autant que ces pauvres citoyens recrutés on ne sait où sont contraints de s’auto-incriminer et d’implorer le pardon du chef de la junte, qui croit disposer d’un droit de vie ou de mort sur ses compatriotes.

 

Cependant, l’enseignement qu’il faut tirer de cette pantalonnade est simple : en décidant de replonger les Guinéens dans leur passé, en leur rappelant les pratiques d’Ahmed Sekou Touré, qui était un adepte des complots fictifs, Mamadi Doumbouya envoie un message limpide à tous ceux auxquels viendraient l’idée de s’opposer à ses plans. Il a voulu frapper les esprits, installer la peur et terroriser les militants des partis politiques, qui ont décrété 2024 comme l’année du retour à l’ordre constitutionnel. C’est la preuve qu’il n’a aucune intention de rétrocéder le pouvoir aux civils.

 

Les Guinéens sont prévenus. Vont-ils ils continuer à subir les affres d’un individu dont l’équilibre mental est sujet à caution ? Telle est la seconde question qu’il faut se poser.

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